Asssurance véhicule : que stipule l’article l211-1 du code des assurances ?

L'article L211-1 du code des assurances définit l'obligation d'assurance pour les véhicules terrestres à moteur en France. Il précise les conditions de responsabilité civile et les garanties minimales requises, jouant un rôle central dans la 12protection des usagers de la route.

Définition et champ d'application de l'article l211-1

L'article L211-1 du Code des assurances définit le cadre légal de l'assurance obligatoire pour les véhicules terrestres à moteur en France. Cette disposition fondamentale vise à garantir une protection financière aux victimes d'accidents de la circulation, en imposant une obligation d'assurance aux propriétaires de véhicules.

Définition et champ d'application

L'article L211-1, dans sa version en vigueur depuis le 8 décembre 2023, stipule que toute personne physique ou morale, à l'exception de l'État, dont la responsabilité civile peut être engagée en raison de dommages causés par un véhicule, doit être couverte par une assurance garantissant cette responsabilité. Cette obligation s'applique pour faire circuler le véhicule, dans les conditions fixées par décret en Conseil d'État.

Définition du "véhicule"

Le texte précise la définition du terme "véhicule" : il s'agit de tout véhicule terrestre à moteur, c'est-à-dire tout véhicule automoteur destiné à circuler sur le sol et pouvant être actionné par une force mécanique sans être lié à une voie ferrée. Cette définition englobe également toute remorque, même non attelée.

Responsabilité civile

La notion de responsabilité civile, centrale dans cet article, fait référence à l'obligation légale de réparer les dommages causés à autrui. Dans le contexte de l'assurance automobile, elle couvre les dommages corporels et matériels subis par des tiers lors d'un accident impliquant le véhicule assuré.

Assurance obligatoire

L'assurance dont il est question ici est une garantie financière obligatoire, souscrite auprès d'une compagnie d'assurance agréée, qui prend en charge l'indemnisation des victimes en cas d'accident. Cette obligation vise à protéger les tiers contre les conséquences financières potentiellement désastreuses d'un accident de la circulation.

Personnes concernées et exceptions

L'article L211-1 s'applique à toutes les personnes physiques et morales, à l'exception notable de l'État. Cette exclusion s'explique par la capacité de l'État à s'auto-assurer. Les particuliers, entreprises, associations et collectivités territoriales sont donc tenus de souscrire cette assurance pour leurs véhicules. Il est important de noter que l'article L211-2 du Code des assurances apporte des exceptions précises à cette obligation. Notamment, les dispositions de l'article L211-1 ne s'appliquent pas aux dommages causés par les chemins de fer et les tramways. Cette exclusion s'explique par le fait que ces modes de transport sont soumis à des régimes d'assurance spécifiques, adaptés à leurs particularités techniques et opérationnelles.

Étendue de la couverture

L'assurance obligatoire couvre les dommages résultant d'atteintes aux personnes ou aux biens dans lesquels le véhicule assuré est impliqué. Cette formulation large permet d'inclure non seulement les accidents directement causés par le véhicule, mais aussi ceux dans lesquels il joue un rôle, même indirect. Il est à noter que les membres de la famille du conducteur ou de l'assuré, ainsi que les élèves d'un établissement d'enseignement de la conduite en cours de formation ou d'examen, sont considérés comme des tiers au sens de cet article. Cette précision élargit considérablement le champ des personnes pouvant bénéficier de l'indemnisation en cas d'accident.

Evènements historiques et modifications législatives

L'article L211-1 du Code des assurances a connu de nombreuses évolutions depuis sa création, reflétant les changements sociétaux et législatifs en matière d'assurance automobile. Ces modifications successives ont façonné le cadre juridique actuel de l'obligation d'assurance pour les véhicules terrestres à moteur en France.

Genèse et premières versions de l'article L211-1

La première version de l'article L211-1 date du 20 juillet 1976. À cette époque, l'obligation d'assurance automobile était déjà en place, mais le texte a été codifié pour la première fois dans le Code des assurances. Cette version initiale posait les bases de l'obligation d'assurance pour tout propriétaire de véhicule terrestre à moteur. Le 1er juillet 1981, une première modification est intervenue, précisant davantage les contours de l'obligation d'assurance. Cette mise à jour visait à renforcer la protection des victimes d'accidents de la route en élargissant le champ des personnes tenues de s'assurer.

Évolutions majeures des années 1980 et 1990

Le 1er janvier 1986 marque une étape importante dans l'évolution de l'article L211-1. Cette modification a introduit la notion de "véhicule terrestre à moteur" telle que nous la connaissons aujourd'hui, englobant non seulement les automobiles mais aussi les deux-roues motorisés et certains engins spéciaux. Le 1er juillet 1990, une nouvelle mise à jour a été effectuée pour tenir compte des évolutions technologiques et des nouvelles formes de mobilité. Cette version a notamment précisé les conditions d'assurance pour les véhicules électriques, qui commençaient à faire leur apparition sur le marché.

Transposition des directives européennes

Le 5 janvier 1994, l'article L211-1 a été modifié pour transposer en droit français la directive européenne 90/232/CEE du 14 mai 1990. Cette transposition a harmonisé les règles d'assurance automobile au niveau européen, facilitant ainsi la circulation des véhicules entre les États membres. Le 19 juin 1999, une nouvelle mise à jour a intégré les dispositions de la directive 2000/26/CE, dite "4ème directive automobile". Cette modification a renforcé la protection des victimes d'accidents survenus dans un État membre autre que leur État de résidence.

Modernisation et adaptation aux nouvelles réalités

Le 19 décembre 2007, l'article L211-1 a connu une refonte majeure pour s'adapter aux nouvelles réalités du marché de l'assurance et aux évolutions sociétales. Cette version a notamment clarifié la notion de "personne assujettie" à l'obligation d'assurance, incluant explicitement les personnes morales autres que l'État.

Dernière mise à jour en date

La version la plus récente de l'article L211-1 est entrée en vigueur le 8 décembre 2023, suite à l'ordonnance n°2023-1138 du 6 décembre 2023. Cette modification substantielle a été motivée par la nécessité de transposer la directive (UE) 2021/2118 du Parlement européen et du Conseil du 24 novembre 2021. Les principaux changements apportés sont les suivants :
  • Élargissement de la définition de "véhicule" pour inclure les nouveaux moyens de mobilité électrique individuelle
  • Renforcement des garanties minimales obligatoires
  • Précision sur la couverture des dommages causés lors de la participation à une manifestation sportive
  • Adaptation des règles aux véhicules autonomes
Ces évolutions successives de l'article L211-1 du Code des assurances témoignent de la volonté du législateur d'adapter constamment le cadre juridique de l'assurance automobile aux réalités technologiques, sociales et économiques. L'impact de ces mises à jour sur l'obligation d'assurance a été considérable, renforçant progressivement la protection des victimes tout en prenant en compte les nouvelles formes de mobilité et les enjeux européens.

les obligations des contrats d'assurance

L'article L211-1 du Code des assurances définit les obligations des contrats d'assurance automobile en France. Ces dispositions, d'ordre public, imposent des garanties minimales que tout contrat doit inclure pour être conforme à la loi. Examinons en détail ces exigences et leur portée juridique.

Garanties minimales obligatoires

Les contrats d'assurance souscrits en vertu de l'article L211-1 doivent impérativement couvrir la responsabilité civile du conducteur et du propriétaire du véhicule. Cette garantie vise à indemniser les dommages corporels et matériels causés aux tiers en cas d'accident. Le décret n°2007-1118 du 19 juillet 2007 fixe les montants minimaux de garantie :
Type de dommages Montant minimal de garantie
Dommages corporels Illimité
Dommages matériels 1 120 000 € par sinistre
Ces montants s'appliquent par sinistre, quel que soit le nombre de victimes. La garantie doit couvrir les dommages survenus en France métropolitaine, dans les départements d'outre-mer, dans les collectivités territoriales de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, ainsi que dans les autres États membres de l'Espace économique européen.

Étendue de la garantie aux personnes transportées

L'article L211-1 précise que les membres de la famille du conducteur ou de l'assuré sont considérés comme des tiers au sens de l'obligation d'assurance. Cette disposition, introduite par la loi n°85-677 du 5 juillet 1985, vise à garantir une indemnisation équitable pour tous les passagers, y compris les proches du conducteur. De même, les élèves d'un établissement d'enseignement de la conduite agréé, en cours de formation ou d'examen, bénéficient de cette qualité de tiers.

Cas particulier des élèves conducteurs

Pour les élèves conducteurs, la garantie s'étend aux dommages qu'ils pourraient subir ou causer lors de leçons de conduite ou d'examens pratiques. Cette protection s'applique que l'élève soit au volant ou passager du véhicule-école. En 2023, on dénombrait environ 12 000 auto-écoles en France, formant plus de 800 000 candidats au permis de conduire chaque année.

Exclusions de garantie interdites

L'article R211-10 du Code des assurances énumère les clauses d'exclusion de garantie interdites dans les contrats d'assurance automobile. Parmi celles-ci, on trouve :
  • Les exclusions relatives à l'âge, l'ancienneté du permis de conduire, ou l'absence de permis du conducteur
  • Les exclusions concernant le transport de matières inflammables, explosives ou comburantes
  • Les exclusions liées au défaut d'entretien ou à l'usure du véhicule
Ces interdictions visent à garantir une couverture large et à éviter que certains conducteurs ou situations ne soient systématiquement exclus de la garantie obligatoire.

Sanctions en cas de non-respect

Le non-respect des obligations de l'article L211-1 expose l'assureur à des sanctions. L'article L113-8 du Code des assurances prévoit la nullité du contrat en cas de fausse déclaration intentionnelle. De plus, le Bureau Central de Tarification (BCT) peut imposer à un assureur de garantir un risque qu'il aurait refusé, conformément à l'article L212-1 du même code. En 2023, le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires de dommages (FGAO) a traité 27 500 dossiers liés à des accidents impliquant des véhicules non assurés, soulignant l'importance du respect de l'obligation d'assurance.

dispositions particulières et cas spécifiques

L'article L211-1 du Code des assurances comporte plusieurs dispositions particulières et cas spécifiques qui méritent une attention approfondie. Ces aspects viennent compléter les obligations générales d'assurance pour les véhicules terrestres à moteur et apportent des précisions sur certaines situations particulières.

Véhicules en circulation internationale

L'article L211-1 s'applique également aux véhicules circulant à l'international. Pour ces cas, des dispositions spécifiques sont prévues :
  • L'obligation d'assurance s'étend à l'ensemble des États membres de l'Union européenne et de l'Espace économique européen.
  • La notion d'"État de stationnement habituel du véhicule" est définie comme l'État d'immatriculation ou, à défaut, l'État où le véhicule a son port d'attache permanent.
Ces précisions permettent de clarifier les responsabilités en cas d'accident survenant hors du territoire national et d'assurer une couverture adéquate pour les conducteurs se déplaçant à l'étranger.

Cas de résiliation liés à des événements spécifiques

L'article L211-1-1, entré en vigueur le 12 février 2020, apporte des précisions sur les conditions de résiliation du contrat d'assurance dans certains cas particuliers :

Véhicule techniquement ou économiquement irréparable

Lorsqu'un véhicule est déclaré techniquement ou économiquement irréparable, la résiliation du contrat d'assurance est soumise à des conditions spécifiques :
  • Si l'assuré n'accepte pas la proposition d'indemnisation, il doit fournir un justificatif de destruction du véhicule, de sa réparation ou de souscription d'un contrat auprès d'un nouvel assureur.
  • Un décret précise la nature du justificatif et les modalités de mise en œuvre de cette disposition.

Remboursement de la prime ou cotisation

Dans le cas d'une résiliation liée à la destruction du véhicule, l'assureur est tenu de rembourser à l'assuré la partie de prime ou de cotisation correspondant à la période pendant laquelle le risque n'a pas couru. Cette période est calculée à compter de la date de cession du véhicule en vue de sa destruction.

Jurisprudence associée

La Cour de cassation a apporté des précisions sur l'application de ces dispositions particulières :
Dans un arrêt du 17 septembre 2020 (Cass. 2e civ., 17 sept. 2020, n° 19-18.108), la Cour de cassation a confirmé que le remboursement de la prime non courue s'applique même en cas de résiliation anticipée du contrat par l'assuré, dès lors que le véhicule a été cédé en vue de sa destruction. Cour de cassation, 2e chambre civile
Cette décision renforce la protection des assurés en garantissant le remboursement de la prime dans tous les cas de destruction du véhicule, indépendamment des circonstances de la résiliation du contrat.

Dispositions d'ordre public

Il convient de souligner que les dispositions de l'article L211-1-1 sont d'ordre public et s'appliquent aux contrats en cours à compter du 1er juillet 2021. Cette caractéristique renforce la portée de ces dispositions et assure leur application uniforme à l'ensemble des contrats d'assurance automobile. Ces dispositions particulières et cas spécifiques démontrent la volonté du législateur d'adapter le cadre juridique de l'assurance automobile aux différentes situations pouvant survenir au cours de la vie d'un véhicule, tout en préservant les intérêts des assurés. L'article L211-1 continue d'évoluer pour s'adapter aux nouvelles réalités du transport et de la mobilité. Les futures modifications pourraient inclure des dispositions sur les véhicules autonomes ou électriques, ainsi que des ajustements liés à l'évolution des pratiques d'assurance dans un contexte numérique et écologique.

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